Chiffrement de WhatsApp et Telegram : l’UE veut en finir avec les conversations privées

Le chiffrement de bout en bout proposé par certaines applications comme WhatsApp et Telegram est dans le viseur de l’UE. Au nom de la lutte contre le terrorisme, l’institution souhaite sauter les verrous qui constituent un obstacle à la surveillance des utilisateurs.

Depuis plusieurs années, le chiffrement des applications de messagerie est dans le collimateur des hautes instances de l’UE. Censé apporter plus de sécurité et de confidentialité aux utilisateurs, il est aussi décrié pour offrir une couverture aux criminels. Face à la multiplication des actes terroristes, le conseil de l’Union européenne pointe du doigt ce dispositif qui entrave le travail des forces de l’ordre.

Réunis au sein du conseil de l’UE, les ministres des États membres ont adopté un projet de résolution visant à forcer les applications de messageries telles que WhatsApp, Telegram ou Signal à laisser les services de renseignement accéder aux conversations. Comment ? En créant des portes dérobées qui contournent le chiffrement des messages.

Bientôt des backdoors dans WhatsApp et Telegram ?

Le média autrichien ORF a réussi à obtenir la copie de la résolution provisoire du conseil de l’Union européenne. Le document date du 6 novembre 2020 et justifie la création de backdoors par leur nécessité dans la lutte contre le terrorisme. « Il existe des cas où le chiffrement rend l’analyse du contenu des communications extrêmement difficile ou pratiquement impossible malgré le fait que l’accès à ces données serait légal ».

Ce n’est pas la première fois que l’UE soulève cette épineuse question du chiffrement de WhatsApp, Telegram, Signal et autres applications de messagerie. La rhétorique n’a pas changé : cette pratique empêche les autorités compétentes d’accéder librement à des données cruciales dans la lutte des actes grâce comme le terrorisme et la pédopornographie.

Les changements souhaités par l’Union européenne couvrent deux volets : faciliter l’accès aux conversations lors des enquêtes criminelles d’une part et affaiblir le chiffrement grâce à des backdoors qui permettent de surveiller les personnes fichées ou jugées dangereuses. Certains géants de la Tech dont Apple se sont toujours opposés à l’affaiblissement du chiffrement.

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On se rappelle encore le bras de fer entre Apple et le FBI pour accéder à l’iPhone d’un suspect de l’attentat de San Bernadino aux États-Unis. Dans l’UE, et notamment en France, la loi autorise les forces de l’ordre à accéder aux contenus privés sur autorisation d’un juge. Mais cette disposition légale n’a pas vocation à être préventive, tout le contraire des backdoors qui offrent un contrôle étendu aux autorités légales.

Source : ORF