Le cannabis ferait pousser les seins des hommes

La légalisation du cannabis dans de nombreux États américains fera-t-elle les affaires des chirurgiens esthétiques ? Fumer des joints ferait en tout cas pousser des seins chez certains hommes. Du moins, de nombreux spécialistes américains le pensent et aimeraient pouvoir le démontrer. L’association américaine des chirurgien plastiques met en parallèle la vague de légalisation avec une hausse de la demande auprès des chirurgiens. 

On imagine déjà les affiches de prévention géantes montrant des hommes tous tristes en soutien-gorge, fumer un joint. En fait, plusieurs spécialistes américains relèvent depuis quelques temps une hausse des consultations d’hommes qui veulent se faire enlever des seins trop protubérants. Le phénomène serait en hausse constante, et certains n’hésitent pas à faire un parallèle avec la légalisation dans plusieurs États américains du cannabis à usage récréatif.

Bien que les causes de cette prise de poitrine peut avoir des causes multiples. On apprend au passage que le fait pour les hommes d’avoir des seins est beaucoup plus fréquent qu’on ne pourrait le croire. Selon les statistiques de l’American Society for Aesthetic Plastic Surgery (ASAPS), le problème de la gynécomastie toucherait ou aurait touché entre 33 et 41% des hommes âgés entre 25 et 45 ans. Et ce problème esthétique est encore plus courant pendant la puberté (60%).

Ce soucis touche également 55%-60% des hommes de plus de 50 ans. Cette condition, le plus souvent liée à un dérèglement hormonal, se résorbe en général toute seule avec le temps. Mais pas chez certains hommes qui finissent par avoir recours à la chirurgie plastique. En 2012, 23.000 américains ont ainsi consulté pour se faire enlever les seins.

Ce serait même la 5e opération chirurgicale la plus demandée par les hommes aux Etats-Unis. L’ASAPS affirme qu’il y aurait une augmentation des consultations de 30% entre 2011 et 2012. Son dernier rapport avec les chiffres de la période 2014-2015 confirme la hausse des interventions de réductions mammaire : 30.464, soit une hausse de +173% depuis 1997, date à laquelle l’institution a publié son premier rapport.

Du coup certains professionnels, s’appuyant sur des études réalisées sur l’animal, voudraient qu’une vaste étude soit menée pour voir s’il n’y a pas un lien entre la hausse de la consommation de la marijuana à des fins récréatives et ces attributs indésirables. Une étude qui serait rendue possible grâce à la vague de légalisation que connaît les Etats-Unis.

Aucune étude sérieuse n’a encore été menée sur les liens entre gynécomastie et cannabis

Un dérèglement hormonal susceptible de provoquer cette poitrine masculine a en effet déjà été induit, en laboratoire, à des rats en les exposant au THC, l’ingrédient psychoactif de la marijuana. Sa consommation provoquerait chez le rat une baisse de niveau de testostérone, une réduction de la taille des testicules, et des malformations au niveau des spermatozoïdes. Mais chez l’homme, il semble que l’effet ne soit pas aussi clair.

On a depuis 1972 des études qui se succèdent et qui sont assez contradictoires sur le sujet en raison de nombreux biais méthodologiques. Celle de 1977 faite sur des soldats américains avait conclut à une absence de lien entre la consommation et ce problème hormonal aux conséquences anatomiques que l’on connaît. Mais l’échantillon étudié était d’un autre côté trop restreint. Il se pourrait également que l’âge des participants soit en cause.

Si l’individu fume avant la puberté, le pic d’oestrogènes qui serait induit par le cannabis  avant celui de testostérone pourrait accentuer la pousse de ces seins. En outre la prise de seins chez l’homme peut être causé par de nombreux autres facteurs, tels que les cancers. Mais au vu de l’augmentation spectaculaire des cas ces dernières années, les chirurgiens américains demanderaient systématiquement à leur patients venant consulter à cause d’une gynécomastie s’ils consomment de la marijuana.

Et leur conseille dans un premier temps d’arrêter de fumer, avant de leur proposer d’avoir recours à une opération chirurgicale.