YouTube : l’industrie de la musique s’insurge contre le streaming gratuit sur la platforme

YouTube met à mal l’industrie de la musique à en croire le Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP). Les Français sont de plus en plus nombreux à consommer de la musique en streaming et bien que YouTube dispose d’une offre payante à l’image de Deezer, Spotify ou encore Apple Music, la grande majorité des utilisateurs accèdent encore aux œuvres musicales gratuitement.

Cette situation est une injustice selon le SNEP qui regrette que YouTube ne rémunère pas assez les ayants droit. Les offres payantes YouTube Music et YouTube Music Premium ne totalisent à ce jour qu’environ 20 millions d’abonnés. La plateforme ne pèse ainsi que 11% des revenus du streaming. La part de rémunération reversée aux maisons de production et aux artistes est encore très loin de celle des concurrents payants.

« YouTube représente 47% du temps passé à écouter de la musique en France », note Alexandre Lasch, directeur du Snep. « Si on était rémunéré autant par YouTube que par Deezer ou Spotify, le secteur irait bien mieux ». La plateforme est ainsi perçue comme un ennemi de l’industrie au même titre que le piratage et le streaming illégal.

« YouTube ne paie pas de droits d’auteur. Entre Spotify et YouTube, la différence va de 1 à 18 en termes de revenus pour l’industrie »; poursuit Alexandre Lasch. La directrice de Deezer, citée par Challenge, abonde dans le même sens. « C’est compliqué quand on rémunère au moins dix fois plus le monde de la musique qu’eux. On fait avec nos armes: des playlists, des podcasts, des algorithmes de différenciation et une bonne expérience utilisateur face à une concurrence déloyale » a-t-elle déclaré.

Les acteurs de l’industrie espèrent désormais s’appuyer sur la directive européenne sur les droits d’auteur adoptée au printemps 2019 pour amener YouTube (Google) à mieux rémunérer les ayants droit. Sauf qu’en pratique, cette directive ne punit que les œuvres publiées sans le consentement des auteurs.

Les plateformes ayant le statut de simples hébergeurs comme YouTube sont donc pénalement responsables des publications sans l’accord préalable des auteurs. Mais la plupart du temps, les clips et morceaux mis en ligne le sont par les ayants droit eux-mêmes. Le seul levier dont ils disposent, c’est de négocier une hausse des commissions qui leur sont reversées sur les revenus générés par YouTube Music et YouTube Music Premium.