Ça film 2017 : il n’y a plus aucune raison d’avoir peur [critique]

Le film Ça de 2017 sort enfin en France. Est-il aussi bon que ce que tout le monde en a dit depuis quelques semaines ? Après tout, même Stephen King a affirmé l’avoir adoré ! Mais il a également apprécié La Tour Sombre… Nous allons donc voir ce que le film vaut. Ça sera jugé en tant que film avant tout et moins en tant qu’adaptation.

Ça est le nouveau film adapté du roman culte de Stephen King, publié en 1986. L’histoire est la même et nous suivons donc un groupe d‘amis (le Club des Ratés) devant affronter une entité maléfique terrifiante capable de prendre l’apparence de leurs peurs les plus sombres. Le roman original faisait fort sur de nombreux points, notamment dans son traitement de l’horreur et de l’enfance.

Après une première adaptation en téléfilm devenu culte (sorti en 1993 en France), la question du remake s’est posée il y a quelques temps. Et après des années d’embûches, le film Ça sort enfin (le 20 septembre 2017 chez nous), il est réalisé par Andrés Muschietti (le sympathique Mama) et dure 2h15. De quoi frissonner ? C’est ce que nous allons voir.

Ça film 2017 : un divertissement honnête [critique]

Là où le film de 1993 choisissait d’alterner entre des séquences avec les personnages enfants et adultes, le film de 2017 prend le parti pris de se focaliser sur l’histoire des enfants uniquement, en 1988. La seconde partie devrait quant à elle mélanger les deux époques mais se concentrera sur les personnages devenus adultes, 27 ans après. Se concentrer sur la première partie de l’histoire est un choix réfléchi qui apporte beaucoup au film.

Le Club des Ratés version 2017, très convaincant.

La première scène est efficace et donne le ton : il s’agit de la célèbre scène dans laquelle Georgie rencontre Pennywise, ou Grippe-sou en français. L’image, le son, les plans de caméra, tout est fait pour que le spectateur soit très, très rapidement dans l’ambiance. La scène étant connue de tous, quelques changement ont été opérés afin de la rendre plus surprenante : des changements qui riment avec Rated R, ou interdiction aux moins de 12 ans par chez nous.

Ça film 2017 : le très réussi Club des Ratés

Le film repose quasiment essentiellement sur la performance de jeunes acteurs, ils se devaient donc d’être à la hauteur. Et ils le sont. Tous ont des personnalités bien marquées, très différentes, et il ne faut pas longtemps pour comprendre qui ferait quoi dans telle ou telle situation. On ne vire cependant jamais dans le cliché total, aucun personnage n’est unilatéral excepté Henry, le bully, qui n’a de cesse de martyriser les membres du groupe.

Beverly et Richie sont probablement ceux que l’on retiendra le plus : la première est la seule fille du groupe, et se montre particulièrement convaincante, tandis que le second est le comique du Club des Ratés : il est certain qu’il parviendra à vous faire sourire de nombreuses fois. Les dialogues sont d’ailleurs un autre point fort du film. Le spectateur n’est à aucun moment “éjecté” du film, on croit toujours entendre des enfants s’envoyer des vannes, on ne se dit jamais qu’un adulte a dû les écrire.

Son, image, jeu d’acteurs, dialogues… Autant d’éléments qui font que le film est prenant. Les effets spéciaux ne sont pas en reste et viennent souligner la crédibilité de l’ensemble : chacune des différentes incarnations de Grippe-sou est intéressante, et généreuse en effets visuels probants. Bill Skarsgård en Grippe-sou / Pennywise remplaçant était définitivement une bonne idée puisque même quand tout repose sur lui, la scène et convaincante.

Bill Skarsgård perce l’écran à chaque apparition, et même si l’on regrettera l’abondance des scènes de type “Grippe-sou court vers la caméra en secouant la tête” (visible dans la bande-annonce), on retiendra assurément ses scènes les plus réussies, comme sa danse finale particulièrement troublante. Ses métamorphoses sont également une réussite, bien loin du loup-garou du téléfilm (mention spéciale au lépreux, ainsi qu’au personnage du tableau…)

Grippe-sou est revenu, sous les traits de Bill Skarsgård

L’ambiance dans le film est pesante et les scènes horrifiques assez riches visuellement. Malheureusement, la peur n’est pas particulièrement au rendez-vous pour les spectateurs rodés aux films d’horreur. Il y a néanmoins toujours de quoi être conquis, car des scènes fortes peuvent arriver à tout instant, qu’il s’agisse d’une séquence du projecteur surprenante, ou d’une scène pesante traitant de la pédophilie…

Les thématiques sombres sont donc de la partie, et chacun des enfants a une histoire qui lui est propre, un passé intéressant. Et quand des éléments comiques surviennent, que ce soit via les dialogues, ou via une bataille de cailloux sur fond d’Antisocial, le spectateur n’en est pas pour autant décontenancé, voyant bien là qu’il s’agit d’enfants.

Ça film 2017 : quelques fausses notes

Quelques éléments viennent cependant ternir le tableau, sans toutefois l’assombrir totalement, loin de là. Les préparations et paiements de ce film sont peut-être un brin trop visibles, on comprend rapidement ce qui sera réutilisé plus tard… Mais le plus gros problème (et le seul véritable) est l’intrigue amoureuse naissante entre Ben et Beverly : la totalité du film conduit à un certain dénouement logique, finalement complètement passé à la trappe.

Les séquences cauchemardesques sont nombreuses et quasiment toutes réussies

Le film ne semble pas assumer totalement sa classification. Rated R aux USA (interdit au moins de 17 ans non accompagnés d’un adulte) et interdit aux moins de 12 ans ici, rien ne nous surprendra beaucoup graphiquement passé la scène de Georgie. Dommage. Ça reste néanmoins sombre et les thématiques abordées suffisent à justifier sa classification. Ça connait d’ailleurs un grand succès auprès du public, et sa suite verra donc assurément le jour.

Un mauvais film n’aurait pas donné envie d’attendre le second : ce n’est pas le cas ici, la seule envie que l’on a en sortant de la salle est celle de découvrir la suite de l’histoire. Le film se suffit cependant à lui-même, et certains des événements qui s’y déroulent impliquent quelques changements majeurs pour le second épisode, en comparaison avec le téléfilm ou le roman. De quoi être de nouveau surpris donc, ce qui est une très bonne chose.

En définitive, Ça n’est pas le film d’épouvante-horreur du siècle contrairement à ce que pouvaient laisser supposer certains avis, et il est doté de quelques défauts. Il n’est par exemple pas particulièrement effrayant, mais il parviendra à vous faire sursauter. Au-delà de ça, ses nombreuses qualités le rendent tour à tour divertissant, prenant, et intrigant. De quoi ressortir de la salle comblé, tout comme Stephen King qui cette fois-ci avait bien raison.