Canal+ menace de ne plus financer le cinéma français et déclare la guerre au streaming

Si le groupe Canal investit massivement chaque année dans les productions françaises, cela pourrait bientôt ne plus être le cas. Dans une interview au Figaro, le président du directoire du groupe Canal+, Maxime Saada, pose un ultimatum au cinéma français.

Canal+ s'attaque au streaming
Canal+ s’attaque au streaming. Montage PaperGeek

Maxime Saada et le groupe Canal déclarent la guerre à tous les géants de la vidéo à la demande tels que Netflix, Disney+ ou Amazon Prime Video. Si le groupe audiovisuel français investit à hauteur de 20 % chaque année sur l’ensemble des productions et longs-métrages français, il se sent également mis de côté face aux plateformes de streaming et à la future réforme de la chronologie des médias, qui imposera un délai plus court entre la sortie d’un film et sa diffusion en SVoD.

Une réforme de la chronologie des médias qui pose problème au groupe Canal

« Si nos principaux avantages en matière de cinéma sont remis en question, il n’y aura plus de raison pour notre groupe d’investir autant dans ce domaine. » a indiqué Maxime Saada à nos confrères du Figaro. « Contrairement aux cinémas italien ou britannique, le cinéma français a connu un essor et une diversité remarquables au cours des dernières décennies grâce au rôle central de Canal+, des salles et du CNC dans son financement. Le monde du cinéma veut aujourd’hui se tourner vers de nouveaux acteurs pour assurer son financement. C’est louable. Mais il est en passe de le faire au détriment de ses partenaires historiques » A-t-il ajouté.

Selon l’actuel président du groupe Canal, le cinéma français « court droit à la catastrophe » avec une telle réforme. En effet, la réforme de chronologie des médias prévoit d’imposer un délai de 12 mois entre la sortie d’un film dans les salles obscures et sa diffusion sur les services de vidéo à la demande. Il est aujourd’hui de 36 mois. En échange, le gouvernement souhaite que les plateformes de streaming investissent autant que le groupe Canal dans le cinéma français, soit de 20 à 25 % de leur chiffre d’affaires.

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Si Canal doit attendre huit mois actuellement pour pouvoir diffuser le film de son choix, Maxime Saada souhaite que le groupe puisse les diffuser trois à quatre mois après leur sortie. Si la réforme passe, « tout le monde sera perdant » explique-t-il. « Comme pour le football, le cinéma veut croire au miracle. Le problème, c’est qu’il n’y en aura pas. Certes, les Netflix, Amazon et Disney sont des acteurs solides et solvables, contrairement à Mediapro. Mais en les faisant entrer dans le financement du cinéma français sans se préoccuper du devenir des acteurs en place, sur lesquels repose l’essentiel de ce système, le cinéma français court tout droit à la catastrophe. »

Le décret de la réforme de la chronologie des médias est attendu au plus tard le 1er juillet prochain.

L’interview est à retrouver ici (paywall)