Joy-Con Drift : UFC-Que Choisir porte plainte contre Nintendo
L’association de protection des consommateurs français l’UFC-Que Choisir a décidé de porter plainte contre Nintendo, dans le cadre des multiples dysfonctionnements constatés sur les manettes Joy-Con de la Nintendo Switch.
Dans un communiqué et auprès du procureur de la République de Nanterre, l’Union fédérale des consommateurs—Que choisir, généralement appelée de manière abrégée UFC-Que choisir, porte plainte contre Nintendo pour obsolescence programmée. L’association reproche à l’entreprise japonaise de « vendre des manettes qui ont vocation à tomber en panne avant la fin de la première année d’utilisation », un problème plus connu sous le nom de « Joy-Con Drift ».
Qu’est-ce que le « Joy-Con Drift » ?
Le « Joy-Con Drift » est un problème qui concerne tant les Joy-Con de la Nintendo Switch que ceux intégrés à la Nintendo Switch Lite. Il s’agit d’un dérèglement de l’un des joystick directionnels, rendant les contrôleurs inutilisables. Ce souci technique persiste depuis la sortie de la console en 2017, sans aucun véritable changement dans les lignes de production.
Dans les faits, ce dérèglement est totalement aléatoire. L’UFC indique que « 65 % des consommateurs victimes « ont constaté la panne « moins d’un an après l’achat des manettes » (ou de la console, Lite y compris donc). Ainsi, le Joy-Con Drift « apparaît quel que soit le profil ou l’âge du joueur, même en jouant moins de cinq heures par semaine. 25 % des consommateurs ont même vu la panne survenir dans les six mois après l’achat, malgré la faible utilisation de la console. »
Des milliers de témoignages avaient été rapportés à l’UFC-Que Choisir
L’UFC ne baisse pas les armes. En novembre 2019, l’association avait décidé de lancer un appel à témoignages auprès des consommateurs concernés par le Joy-Con Drift, récoltant plus de 5 000 témoignages en 48 heures. Parallèlement, l’UFC mettait la firme de Kyoto en demeure, souhaitant une action rapide de l’entreprise à ce sujet. En réponse, Philippe Lavoué — l’actuel P.-D. G. de Nintendo France — mettait en place un service après-vente dédié permettant d’obtenir une réparation gratuite de Joy-Con inutilisables. Notons qu’avant ces événements, Nintendo facturait 45 euros à ses clients pour tout remplacement d’un Joy-Con défectueux.
Une mesure insuffisante selon l’UFC, qui regrette toujours l’inertie globale de la firme japonaise face à ce problème. L’association avait donc décidé de diligenter une expertise sur les manettes afin « d’analyser l’origine de cette panne ». Selon le communiqué de l’UFC, les causes possibles étaient doubles. En l’occurrence, le Joy-Con Drift serait dû à « usure prématurée des circuits » ainsi qu’à « un défaut d’étanchéité qui entraîne une quantité inquiétante de débris et poussières au sein du joystick ».
Nintendo « était informée de ce dysfonctionnement » indique l’UFC. Et pourtant, « le géant nippon a choisi de ne pas intervenir sur les composants sujets à cette panne » peut-on lire dans le communiqué. Pire, la société « continue de vendre des manettes qui ont vocation à tomber en panne avant la fin de la première année d’utilisation, en toute connaissance de cause ». Autrement dit, l’UFC dénonce une forme d’obsolescence programmée.
Et pourtant, la Nintendo Switch se vend comme des petits pains. En août 2020, Nintendo se félicitait d’avoir vendu plus de 61,44 millions de consoles, soit presque autant que la NES. Grâce au confinement et au succès d’Animal Crossing: New Horizons, le bénéfice d’exploitation trimestriel de la firme bondissait cet été de 428 % vis-à-vis de la même époque à l’année dernière, pour s’établir à 144,7 milliards de yens, soit environ 1,5 milliard d’euros.
Dans l’attente des résultats de cette action en justice, l’UFC met à votre disposition un formulaire permettant de signaler un refus de prise en charge gratuite de la réparation des Joy-Con. iFixIt propose également un tutoriel YouTube pour vous aider à réparer temporairement le Joy-Con Drift (vidéo ci-dessous).
