Matrix : c’est désormais prouvé, on ne vit pas dans une simulation informatique !

Matrix a marqué toute une génération de geeks, philosophes, hackers, et scientifiques de tous poils. Comment prouver que nous ne vivons pas à l’intérieur d’une simulation informatique particulièrement sophistiquée ? Des chercheurs de l’université d’Oxford sont parvenus en partie à répondre à cette question.

On se souvient d’Elon Musk qui disait qu’il y a 50% de chance que l’on vive dans une simulation informatique comme Matrix. En fait il n’est pas le seul, et la problématique est assez ancienne. Mais il faut bien admettre l’impact culturel, scientifique et philosophique du film Matrix (1999) qui a su donner une tournure très contemporaine à ces questions. Et nous fait relire René Descartes (1596-1650) et son Discours de la méthode, ou encore Emmanuel Kant (1724-1804), notamment sa Critique de la Raison Pure. Puisque nos sens peuvent être trompés, de quoi pouvons-nous être sûrs ? Sur quoi repose notre existence ?

Descartes, un des pères de la philosophie moderne, mais aussi mathématicien et physicien, part dans une quête vertigineuse d’un présupposé vérifiable sans passer par nos sens. Dans l’espoir de refonder complètement la connaissance. Il finit par forger cette conclusion en latin : cogito ergo sum, “je pense, donc je suis”. Kant nous montre de son côté que les individus explorent et connaissent le monde au travers de moyens synthétiques (langage, culture, etc.) ce qui complique la tâche de celui qui voudrait discerner la “vérité” de perceptions erronées.

Pourquoi nous ne vivons pas dans une simulation informatique comme dans Matrix

Mais au-delà, comment prouver par a+b que nous ne vivons pas dans une simulation informatique ? La tâche, vous le mesurez, est complexe. Si un monde existe en-dehors de ce que nous percevons comme notre réalité, nous n’en connaissons pas les règles. En fait, tout ce que nous pouvons observer, analyser, décortiquer autour de nous résume l’état des connaissances dans lequel nous nous trouvons.  Reste d’abord à comprendre les raisons pour lesquelles des machines sous une civilisation avancée voudraient créer une telle simulation.

À un moment de Matrix, l’agent Smith explique à Morpheus retenu prisonnier, l’histoire de la simulation dans laquelle il se trouve. Des premières versions, décrites comme “parfaites” n’avaient pas fonctionné :

C’était un vrai désastre, personne n’a accepté le programme. Des moissons [de gens] entières étaient perdues

Les machines ont alors créé un monde correspondant à 1999 pour aliéner les humains, tout en leur donnant l’impression de disposer d’un libre arbitre. Un monde très éloigné des utopies proposées dans des versions antérieures de la Matrice, mais finalement plus facile à accepter qu’un monde sans souffrance dont l’artificialité était trop visible. Si l’intention est de créer un analogue simulé d’un monde que nous ne pouvons pas voir, est-ce seulement techniquement possible ?

La puissance de calcul nécessaire à une telle simulation serait considérable

C’est là où les chercheurs de l’université d’Oxford entrent en jeu. Après tout, les découvertes scientifiques continuent de se succéder, et on sait aujourd’hui observer très finement la matière, jusqu’aux particules élémentaires qui sont la trame de tout ce qui existe. La quantité de données à traiter en temps réel pour simuler tout cela serait considérable. Au départ, ils cherchaient à décrire la complexité des interactions magnétiques de l’effet Hall. Et ont fini par se rendre compte que décrire ces interactions sur un nombre d’à peine 200 atomes était… compliqué.

En fait, à cause des interactions extrêmement complexes de la physique quantique, la quantité de données est tellement imposante que pour en faire l’abstraction, il aurait fallu que la mémoire de leur ordinateur soit composée de plus d’atomes qu’il y en a dans l’univers. Et les chercheurs de conclure :

Etant donné la quantité physiquement impossible de puissance informatique nécessaire pour stocker l’information d’un seul membre de cette sous-classe, la peur que nous puissions vivre à notre insu dans une version particulièrement vaste de The Matrix peut désormais se dissiper

Reste qu’effectivement, s’il est impossible que nous soyons cultivés par des machines, cela ne résout pas un autre problème non moins épineux. Comment prouver que notre chair et notre conscience de nous-même ne sont pas simulation ? En d’autre termes, est-ce vraiment parce que l’on pense que l’on existe ? Après tout, comme nous le disions plus haut, nous nous conformons aux limites physiques du monde tel que nous le connaissons. Et les avancées en termes d’intelligence artificielle commencent à réellement poser la question de la conscience des machines…