Cannibalisme : le corps humain est moins nourrissant que vous ne le pensez

Nous avons tous des ancêtres cannibales, une pratique courante sous le Paléolithique, jusqu’à 10000 années avant notre ère. Mais un anthropologue vient de démontrer que nos aînés ne pratiquaient pas vraiment l’anthropophagie pour se nourrir. Pour cela, il a calculé précisément combien de calories sont contenues dans chaque morceau du corps humain. Un inventaire que ne renierait pas Hannibal Lecter !

C’est un fait, il y a plus de 10.000 ans seulement, la pratique du cannibalisme était encore très répandue. On le sait, car des ossements humains entre autres indices ont été maintes fois retrouvés,là où nos ancêtres faisaient a priori la cuisine. La pratique existe depuis encore, avec quelques rares tribus dans le mode qui s’adonnent à ce genre d’alimentation un peu… spéciale.

Du coup, les anthropologues se sont longtemps posé cette question existentielle : cette consommation de viande humaine était-elle une vraie pratique alimentaire ? Ou une sorte de rituel ? Pour le déterminer, l’anthropologue James Cole a calculé pour la revue scientifique Nature combien de calories étaient contenues dans le corps humain.

Et sa conclusion est sans appel :

Les résultats montrent que les humains ont une valeur nutritionnelle comparable à celle des espèces de la faune qui font le même poids moyen, mais significativement moins que tout une panoplie d’animaux souvent retrouvés en association avec des des restes humains anthropogéniquements modifiés. Cela peut suggérer que les motivations derrière cette anthropophagie humaine n’est pas purement motivée par des raisons nutritionnelles. Il est proposé ici que cette valeur nutritionnelle comparativement plus faible de ces épisodes de cannibalisme humain soutiennent des explications plus socialement ou culturellement motivées, dans l’interprétation du cannibalisme au Paléolithique.

Nos ancêtres cannibales ne mangeaient pas d’autres êtres humains pour se nourrir

En clair, le fait que les restes d’animaux plus énergétiques aient été trouvés dans la même cuisine où des morceaux de jambes et de bras étaient préparés, suggère que ces ancêtres ne consommaient pas vraiment leurs congénères pour se nourrir. Mais plutôt pour accomplir une sorte de rituel. Car nous, on ne fait “que” 125.822 calories au total. L’essentiel étant concentré dans notre graisse, autrement dit le petit bidou qu’on aimerait bien perdre avant l’été.

Il y a aussi nos muscles, et la moelle osseuse. À part ça rien de transcendant face aux 1 260 000 calories d’un rhinocéros laineux par exemple. Ou aux 3,6 millions de calories d’un mammouth. D’ailleurs, la plupart des “festins” ont été retrouvés dans des zones où on sait que le gibier était abondant. Donc ce n’était pas vraiment par pénurie. On peut imaginer des coeurs mangés pour acquérir le courage d’un adversaire, et d’autres trucs cryptiques dans le même genre.

Au cas où vous le demanderiez, James Cole s’est basé sur divers rapports d’autopsie pour son analyse. Et ne s’est pas juste contenté de donner le nombre de calories du corps entier, y’a aussi le détail pour à peu près tous les morceaux, que vous retrouverez dans l’infographie ci-dessous.