Le remplaçant de Hubble est enfin prêt : il aura fallu 20 ans pour le construire

Le remplaçant de Hubble se nommera le James Webb Space Telescope (JWST). La Nasa vient d’annoncer qu’après plus de 20 ans de conception et de fabrication, il est enfin prêt à être envoyé à son emplacement définitif dans l’espace. Le lancement pourrait désormais avoir lieu dans les deux ans. À l’issue d’une série de tests pour être bien sûr que toutes ses composantes fonctionnent parfaitement. 

Le remplaçant de Hubble est enfin prêt : il aura fallu 20 ans pour le construire
Inspection d’une partie des miroirs du télescope spatial géant

Lors d’une conférence de presse hier, la Nasa a annoncé que le James Webb Space Telescope était enfin terminée après plus de 20 ans de construction. Le nouveau télescope doit prendre le relai de la mission du télescope spatial Hubble, à qui l’on doit une bien meilleure compréhension de l’univers, et la découverte de nombreux objets distants, comme par exemple l’exoplanète “jumelle” près de Proxima b du Centaure.

James Webb Space Telescope est composé de 18 miroirs assez larges, conçus pour collecter la lumière dans l’infrarouge. Ce sera de facto le plus grand télescope jamais lancé en orbite, avec une surface de miroirs 7 fois plus importante que celle embarquée par Hubble. De quoi faire encore davantage de découvertes fascinantes sur des objets lointains. Ou encore peut être découvrir enfin la Planète 9, cette mystérieuse planète géante jamais encore observée dans le système solaire.

Le JWST aura pour spécialité l’observation dans l’infrarouge

L’intérêt de la bande infrarouge est double : Hubble n’est pas très sensible à cette bande de fréquence. Il est par ailleurs impossible de faire des observations dans le domaine de l’infrarouge depuis la Terre, car celle-ci “luit” en permanence dans cette bande de fréquence. Contrairement à Hubble, le JWST ne sera pas placé en orbite autour de la Terre, mais sur le point Euler L2. De telle sorte à ce qu’il soit protégé des rayons du soleil.

Un emplacement où la force centripète exercée par la Terre est annulée par l’effet centrifuge de la rotation des deux objets autour du soleil. Le JWST restera donc immobile dans la nuit si on prend la nuit terrestre comme point de référence. En outre pour se protéger encore davantage des rayonnements infrarouge, un immense bouclier de la taille d’un court de tennis sera déployé à l’arrière. Grâce à cela, on devrait atteindre une résolution encore inégalée.

Le télescope sera capable de photographier des “détails de la taille d’un bourdon à une distance équivalente à celle qui nous sépare de la Lune”, explique Charles Bolden, administrateur de l’agence. Des observations, précise-t-il “autant dans le visible” que “dans les émissions infrarouges” causées par l’infime chaleur de l’insecte. Ses miroirs sont si plats, que “si on l’agrandissait pour qu’il ait la taille des Etats-Unis, on aurait au maximum des “pics d’une hauteur de quelques centimètres à peine”.

Un projet financé aussi par l’ESA et l’agence spatiale canadienne

À l’origine, le successeur d’Hubble devait être lancé en 2014 pour un coût total de 5 milliards de dollars. Mais une série d’ennuis a conduit le budget à exploser, pour atteindre 8.7 milliards. Ce genre de projets permet pourtant de faire des économies, en répondant à des questions tout en évitant le lancement de coûteuses missions. On aurait pu par exemple déduire plus rapidement la présence d’eau liquide sur Europe. En outre, ce télescope pourrait peut-être permettre de découvrir des signes de vie extra-terrestre.

L’ESA et l’agence spatiale canadienne ont également participé au financement. Il sera d’ailleurs lancé par une Ariane 5 européenne en octobre 2018. Le temps de lui faire passer toute une série de tests pour être bien sûr que tout fonctionne. Contrairement aux débuts de Hubble, aucun programme de maintenance n’a en effet été prévu pour le JWST. Après 20 ans d’efforts acharnés, donc, la mission est fixée à 5 ans minimum. Mais il embarquera assez de carburant pour tenir le double.

La taille du télescope, supérieure à 6.5 mètres sur sa dimension la plus étroite représente un vrai défi technique et introduit un risque supplémentaire. Les composantes les plus volumineuses sont en effet pliées. Il est prévu que le déploiement prenne 2 semaines. Les premiers clichés pourraient être reçus 6 mois après le lancement une fois qu’une série supplémentaires de contrôles sera effectuée.

Six véritables “mois de la terreur” pour les responsables du projet, par analogie avec les descentes (de quelques minutes) de Curiosity et Schiaparelli sur Mars.